2025
"Il faut alors susciter une race de larme qui ne racole pas.
Larme qui ne vient pas de là, l’émotion, et ne la provoque pas.
Larme issue d’un choc brutal.
La situation du monde est telle que des larmes coulent.
Invisibles et muettes.
Arrêtez d’accoler aux larmes le symbole de la faiblesse, que vous associez au féminin.
Dans toute la mythologie, il y a passage entre sperme, larme, sang.
Larme, douleur en fusion.
Métal fondu.
Redonner aux larmes la cohérence du métal. Sa dureté.
Chaque chose traversée par son contraire : faire couleur des larmes qui seraient elles-mêmes au-delà des larmes. Densité du métal."
Claude Régy
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« How a nymph can act in a corporate world ? Une figure sirupeuse, comme le miel. A counter fascist figure as a remedy sirup against fascist resentment. »
En investiguant la figure de la nymphe, personnage mythologique mineur, zone de l’anatomie sexuelle féminine et métaphore de l’affect, Taos Bertrand propose une traduction de l’expérience trans féminine.
Au sein d’une scénographie inspirée du monde médical et du monde du cruising, elle propose une étude de la coupure et de sa cicatrisation où images digitales, matières plastiques et flux physiques font apparaitre de nouvelles formes morphologiques du visage humain aux confins de la nature et de la technologie.
Dans un espace scénique reproduisant la survisibilité des espaces capitalistes, le corps de la nymphe est traversé de jouissances fulgurantes, de formes balletiques bâtardes, d’états de grâce altérés aux prises avec les murmures de la rue et les troubles psychiques.
Dans ce nouveau solo chorégraphique, il s’agit d’expérimenter la nature comme une résistance au travail, pour reprendre les termes de la philosophe américaine Mc Kenzie Wark : « Nature is a resistance in labor ». Par le récit d’une naissance, la nymphe apparait alors sirupeuse comme le miel, assez tendre pour employer la grâce comme remède au ressentiment.
Cette pièce premièrera à Marseille au printemps 2025 à KLAP Maison pour la danse qui avait accueilli le premier solo de Taos Bertrand en 2015, Orages, portant sur sa naissance sous X et son algérianité.
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ARTENAIRES
Coproduction : KLAP Maison pour la danse / Marseille, Le Carreau du Temple / Établissement culturel et sportif de la Ville de Paris, Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne | EMKA dans le cadre de l’Accueil Studio - Ministère de la Culture
Partenaires : Centre national de la danse, accueil en résidence / Pantin, Ménagerie de Verre / Paris, DRAC Nouvelle Aquitaine au titre de l’aide au projet.
Partenaires en cours de discussion : Maison de la danse / Lyon, Boom structure / Clermont-Ferrand, CCN La Rochelle, La Manufacture CDCN / Bordeaux, Montpellier danse, Ville de Poitiers, Sophiensaele / Berlin, SACD Musique de scène, CNC : aide à la production création immersive.
DIFFUSION
Première : Le 11 mars 2025 au KLAP Maison pour la danse / Marseille.
Partenaire confirmé : Festival Trente Trente 2026.
Partenaires en cours de discussion : Pour des dates de diffusion en 2025 notamment chez nos partenaires Le Carreau du Temple / Établissement culturel et sportif de la Ville de Paris, et le CCN Créteil - Val de Marne.
CALENDRIER DE RÉALISATION
18-22 décembre 2023 : Ménagerie de verre / Paris 8-13 janvier 2024 : Ménagerie de verre / Paris 25-26 janvier 2024 : Canal, CND / Pantin
8-19 avril 2024 : Ménagerie de verre / Paris 16-27 septembre 2024 : CND / Pantin
7-11 octobre 2024 : CCN Créteil - Val de Marne / Créteil
3-14 février 2025 : CCN Créteil - Val de Marne / Créteil
4-10 mars 2025 : Résidence de finalisation au KLAP / Marseille 11 mars 2025 : Première à KLAP / Marseille
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PERSONAL EXPERIENCE MEETS SOCIAL RESONANCES
Cette pièce fait le pont entre des considérations théoriques sur la génération du visage par la technologie et l’expérience personnelle de la transformation de mon visage. Cette question posée aux mutations digitales du visage renvoie à un processus intime dont je fais l’expérience, à savoir celle de ma propre transition de genre, à la métamorphose de mon visage, d’une mutation où hormones, narrations et cellules concourent à une mue alchimique, la nymphe est aussi le stade intermédiaire de la métamorphose, entre la larveet l’imago, c’est un stade de la mue.
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This piece bridges theoretical considerations on the generation of the face by technology and the personal experience of the transformation of my face. This question posed to the digital mutations of the face refers to an intimate process that I am experiencing, namely that of my own gender transition, to the metamorphosis of my face, of a mutation where hormones, narratives and cells contribute to a alchemical moult, the nymph is also the intermediate stage of metamorphosis, between the larva and the imago, it is a stage of moult.
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RESEARCH
Performer « Nymphe », c’est aussi « redonner » forme au visage, à sa mémoire, à sa grâce, à rebours de l’effacement auquel sont sujettes certaines expériences trans : je n’oublie pas que les corps trans sont encore qualifiés par certaines juridictions américaines comme « obscene matters ».
Mon choix d’écriture pour « Nymphe » n’explore pas le visage par une esthétique burlesque ou grotesque mais par une gestuelle du passage, de la fluidité qui sans cesse échappe aux formes fixes. Dans ma gestuelle, j’articule souvent l’inclinaison du visage avec le mouvement des doigts, des mains et des poignets, ce qui produit un highlight sur le visage, une gestuelle ornementale à la grâce digitale produite par les angles du visage et les affects qui le traversent : chez les artistes de la scène vogue, «the face is everything», everything car cette zone anatomique qu’est le visage est souvent reliée à l’histoire de la honte que porte la communauté noire et trans américaine.
Avec « Nymphe », je souhaite redonner à nos expériences la possibilité de la grâce, aura associée à la sainteté chrétienne, une aura qui balaye le voile de la honte attaché à certains visages. L’âge baroque est l’un de nos terrains d’exploration, cette grâce je la veux digitale, machinique. Cette image d’un geste mettant en jeu mes mains en relation avec mon visage est ce qui me permet de rencontrer les spectateurs.rices, de jouer des effets de distance et de proximité, d’hyper-affects, de poses, d’abstractions, des rythmesscandés des danses.
Dramaturgiquement, quatre corps-nymphes traversent la pièce : une nymphe baroque, une nymphe sculpturale, une nymphe hystérique (donc résistante chez Deleuze), une nymphe euphorique en latex.
Quatres peaux, du costume baroque à la robe en latex, mon corps comme fleuve.
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Performing «Nymph» also means «giving back» form to the face, its memory, its grace, in contrast to the erasure to which certain trans experiences are subject:
I’m not forgetting that trans bodies are still classified by some American jurisdictions as «obscene matters».
My choice of writing for «Nymph» does not explore the face through burlesque or grotesque aesthetics, but through a gesture of passage and fluidity that constantly eludes fixed forms. In my gestures, I often articulate the inclination of the face with the movement of the fingers, hands and wrists, which produces a highlight on the face, an ornamental gesture with a digital grace produced by the angles of the face and the affects that run through it: among artists on the vogue scene, «the face is everything», everything because this anatomical zone that is the face is often linked to the history of shame borne by the black and trans American community.
With «Nymph», I want to give back to our experiences the possibility of grace, the aura associated with Christian sanctity, an aura that sweeps away the veil of shame attached to certain faces. The Baroque age is one of our areas of exploration, and I want this grace to be digital, machine-like. This image of a gesture involving my hands in relation to my face is what allows me to meet the spectators, to play with the effects of distance and proximity, hyper-affects, poses, abstractions and the chanted rhythms of dances.
Dramaturgically, four nymph-bodies run through the piece: a baroque nymph, a sculptural nymph, a hysterical nymph (thus resistant in Deleuze’s terms), a euphoric nymph in latex.
Four skins, from baroque costume to latex dress, my body as a river.
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More to come <3